A quoi sert la progestérone ?

Qu’est-ce que la progestérone ? Cette hormone sexuelle stéroïdienne joue un rôle central de la vie de la femme, de la puberté jusqu’à la ménopause : elle régule le cycle menstruel, favorise la grossesse, prépare l’allaitement et neutralise les effets des estrogènes. Fabriquée par le corps jaune dans l’ovaire, par le placenta au cours de la grossesse mais aussi par les glandes surrénales et les testicules chez l’homme, la progestérone suscite encore aujourd’hui l’engouement de la communauté médicale dans la mesure où nombre de ses effets restent suspectés ou méconnus.

Est-elle efficace contre certaines formes d’infertilité ? Contre les symptômes du sevrage à certains médicaments, l’hyperplasie ou encore la mastodynie ? Réduit-elle les risques des fausses couches, de l’accouchement prématuré ou de la perte osseuse ? Voici quelques éléments de réponse.

A quoi sert la progestérone ? – Généralités

Isolée pour la toute première fois en 1934 par Adolf Butenandt, biochimiste allemand né en 1903, la progestérone est une hormone sexuelle féminine composée de 21 atomes de carbone qui joue un rôle crucial dans la fertilité de la femme.

Sécrétée à partir de la seconde phase du cycle menstruel par le corps jaune ou corpus luteum, reliquat du follicule ovarien qui a libéré l’ovule, la progestérone favorise le développement et le maintien de la grossesse par une action inhibitrice sur les contractions utérines et par son action sur les glandes mammaires pour préparer la lactation après l’accouchement. La phase lutéale, également appelée phase progestative, correspond à la partie du cycle menstruel comprise entre l’ovulation et les règles. Elle est notamment marquée par la préparation de l’endomètre à la nidation.

Contrairement à la phase folliculaire qui se distingue par une certaine volatilité, la durée de la phase lutéale ne varie que rarement chez une même femme. Elle dure en moyenne entre 12 et 16 jours. Si elle n’atteint le seuil de 12 jours, la phase lutéale est jugée peu qualitative car trop courte, ce qui induit l’infertilité. Notons enfin que la progestérone exerce un rétrocontrôle sur le complexe hypothalamo-hypophysaire. Pour plus de détails, parcourez notre article sur les définitions autour de la progestérone.

Diagnostiquer les carences en progestérone

La carence en progestérone peut causer de nombreux problèmes de santé. C’est pourquoi une supplémentation pourra être prescrite par le médecin traitant.

Le traitement hormonal de substitution (THS) consiste à combler le manque hormonal en apportant des oestrogènes et de la progestérone à la femme en ménopause pour soulager ses symptômes comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, les troubles de l’humeur (irritabilité, nervosité, déprime), les troubles du sommeil (somnolence diurne et insomnie), la baisse de la libido, la sécheresse vaginale, etc.

Pour diagnostiquer une carence, le médecin demandera une prise de sang pour doser la progestérone. Le test sanguin va également servir à évaluer la sécrétion de la progestérone par le corps jaune chez la femme en âge de procréer, à diagnostiquer une grossesse extra-utérine ou encore à évaluer la fonction du placenta qui produit la progestérone pendant le second trimestre de la grossesse. La prise de sang s’effectue généralement sur une veine au niveau du pli du coude. La date des dernières règles ou la semaine de la grossesse en cours doivent être mentionnées pour l’interprétation des résultats. Aucune préparation particulière n’est nécessaire.

En cas de carence, des médicaments à base de progestérone pourront être prescrits, à administrer idéalement par voie vaginale dans la mesure du possible. En effet, la voie vaginale entraîne moins d’effets secondaires que la voie orale. Discutez-en avec votre médecin. Plus de détails sur notre article « Traitement en progestérone ».

Les nombreux effets de la progestérone

La progestérone n’est pas seulement l’hormone de la fertilité chez la femme. En effet, c’est aussi un régulateur important du cycle menstruel.

Si elle a été isolée puis massivement étudiée dès les années 1930, cette hormone stéroïdienne recèle encore des secrets pour la communauté scientifique. Certains des effets de la progestérone sont suspectés, invérifiés ou tout simplement méconnus. La progestérone est aujourd’hui prescrite pour traiter l’aménorrhée ou l’absence des règles en dehors de la grossesse. Elle est également prescrite dans le cadre du traitement hormonal substitutif dans le cadre de la ménopause. Elle agit alors en neutralisant les effets des oestrogènes pour réduire le risque de développer certaines formes de cancer.

Aussi, la progestérone en forme de gel en application locale agit contre l’infertilité. D’autre part, on suspecte un effet positif de la progestérone contre l’hyperplasie endométriale et les douleurs mammaires (mastodynie). Aussi, la progestérone semble réduire les risques d’accouchement prématuré et prévenir les pertes osseuses (ostéoporose) chez la femme ménopausée. Enfin, la progestérone soulagerait certains symptômes du sevrage aux médicaments comme le diazépam (Valium), l’Alprazolam (Xanax) ainsi que le Temazepam (Restoril).

Les dérèglements de la progestérone

Les déséquilibres hormonaux provoquent généralement de nombreux symptômes incommodants voire handicapants qui peuvent entamer la qualité de vie des femmes et des hommes. La dominance en estrogènes peut même favoriser le développement d’un cancer du sein. La carence en progestérone provoque des symptômes peu spécifiques qui peuvent se confondre avec d’autres pathologies. C’est d’ailleurs ce qui complique le diagnostic, rendant ainsi le test sanguin indispensable.

Le manque de progestérone sera suspecté si la femme présente les signes cliniques suivants : seins fibrokystiques, phase lutéale trop courte, température basale anormalement basse en dehors de la fin du cycle menstruel, règles toujours irrégulières, arthrite légère, baise de la libido, crampes pendant les menstruations, acné légère, fatigue, endométriose, difficultés à tomber enceinte, etc. Lors de la grossesse, des symptômes comme l’hypoglycémie, la fatigue chronique, les douleurs abdominales et les saignements légers (spotting) alertent sur un possible manque de progestérone.

Les symptômes de l’excès de progestérone touchent surtout les systèmes nerveux, musculaire, génito-urinaire et gastro-intestinal. Vertiges, nausées, étourdissements, somnolence, manque d’énergie, douleurs articulaires et musculo-squelettiques, inconfort à la miction et hypertrophie des seins peuvent signaler un excès de progestérone dans le corps de la femme.