La progestérone et la grossesse

La grossesse puis l’accouchement sont les résultats d’un travail hormonal fascinant qui mêlent les œstrogènes et la progestérone, mais aussi l’HCG, l’HLP, l’ocytocine ou encore la prolactine.

Cet équilibre hormonal délicat nécessite un suivi rigoureux afin de pallier toute carence ou insuffisance à temps et permettre ainsi à la femme qui désire concevoir un enfant de vivre une grossesse épanouie et sans mauvaises surprises.

Les causes hormonales des difficultés à tomber enceinte

L’insuffisance du corps jaune est l’une des principales causes qui empêchent les femmes d’être enceintes. Ce phénomène est diagnostiqué par le médecin lorsque le corpus luteum qui se forme après l’ovulation sur les restes des follicules ne produit pas assez de progestérone pour rendre la muqueuse utérine « hospitalière » à l’embryon.

Pendant la phase folliculaire, les concentrations normales de progestérone varient entre 2 et 30 nanogrammes par millilitre de sang. Lorsque le corps jaune produit moins de 2 nanogrammes, l’embryon est expulsé de la muqueuse et est évacué avec les règles.

Si une insuffisance du corps jaune est suspectée, le médecin réalisera un bilan hormonal pendant la 2e partie moitié du cycle menstruel. Si l’insuffisance est confirmée, une supplémentation en progestérone naturelle bio-identique sera prescrite par voie orale, vaginale, intramusculaire ou transdermique

D’autres phénomènes physiologiques peuvent également s’interposer entre la femme et son désir de concevoir un bébé. En effet, le corpus luteum peut ne pas être réceptif aux signaux spécifiques émis par l’embryon et ne pas produire assez de progestérone en conséquence. Cet état de fait ne peut pas être diagnostiqué par un simple bilan hormonal. Toutefois, lorsqu’il est identifié, ce dérèglement pourra aisément être contrebalancé par des injections intramusculaires de gonadotrophine humaine. Ces injections empêchent la désintégration du corps jaune et favorisent l’implantation de la grossesse. Pour plus détails, lisez notre article : « Quel taux de progestérone pour tomber enceinte ? ».

Progestérone et grossesse

Pour que la grossesse se déroule dans les meilleures conditions, de nombreuses hormones entrent en jeu et agissent pour doter le corps de la femme de toutes les ressources nécessaires. Il s’agit notamment de l’hormone chorionique gonadotrophique (HCG), des oestrogènes, de l’hormone placentaire lactogénique (HLP), de l’ocytocine, de la prolactine et bien sûr de la progestérone

Quel est le rôle de la progestérone pendant la grossesse ? C’est tout simplement l’hormone de la grossesse par excellence. C’est même la seule capable de jouer un rôle sédatif sur le myomètre.

En début de grossesse, la progestérone est toujours secrétée par le corps jaune, comme pendant la phase lutéale du cycle menstruel. Ce n’est qu’à partir du 4e mois que le placenta prend le relais. La concentration de la progestérone à ce moment-là est un excellent indicateur de son rôle dans la grossesse : son taux est en effet multiplié par 1 000 lorsque la femme attend un enfant ! « Pro » est un préfixe qui veut dire « en faveur de », et « gest » fait référence à la gestation.

D’un autre côté, la progestérone agit en faveur du développement et du maintien de la grossesse en inhibant les contractions utérines et en renforçant la fermeture de l’orifice interne du col utérin. Cette hormone dérivée du cholestérol agit également dans l’épaississement de la glaire cervicale.

La concentration de la progestérone varie selon l’âge, la phase du cycle menstruel et le mois de la grossesse. Chez la femme enceinte, le taux de progestérone dans le sang est un indicateur de l’activité placentaire. En dehors de toute grossesse, les taux de progestérone sont les suivants :

  • Pendant la phase folliculaire : moins de 1,5 nanogrammes par millilitre ;
  • Pendant le pic ovulatoire : entre 0,7 et 4 nanogrammes par millilitre ;
  • Pendant la phase lutéale : une concentration comprise entre 2 et 30 nanogrammes par millilitre de sang témoignera de la présence du corps jaune.

Pour mener à bien une grossesse, l’équilibre hormonal doit être de mise, et tout dérèglement doit être traité pour ne pas compromettre l’évolution de l’embryon et ce dès l’ovulation puis la nidation.

Chez les femmes qui accusent une insuffisance hormonale en progestérone, la prescription d’une supplémentation donne de bons résultats. Utrogestan est sans doute le médicament le plus prescrit en France en ce sens. Disponible en pharmacie sur prescription médicale, ce progestatif est indiqué pour divers problèmes gynécologiques comme les troubles menstruels secondaires, les troubles de l’ovulation, les douleurs du syndrome prémenstruel, les saignements vaginaux ainsi que certains symptômes de la ménopause. La dose prescrite par le médecin traitant varie en fonction de la femme et du cas traité, sans toutefois dépasser la dose maximale de 200 mg par jour.

Comme tous les médicaments, Utrogestan peut causer des effets secondaires, à fortiori s’il est administré oralement. Ils découlent principalement de l’effet sédatif de la progestérone. La femme pourra par exemple ressentir des vertiges, une somnolence diurne, un manque d’énergie et des épisodes de fatigue plus ou moins intenses. Le cycle menstruel peut également être écourté et quelques saignements en dehors des menstruations ont été signalés par quelques patientes.

Parallèlement à Utrogestan et aux autres progestatifs classiques, les crèmes à la progestérone ont le vent en poupe outre-Atlantique. Ces produits encensés il y a 20 ans par le docteur John Lee sont supposés plus doux et tout aussi efficaces. La crème à la progestérone ne doit être prise qu’à partir de l’ovulation, sauf prescription contraire de votre médecin.

Cette supplémentation n’a pas encore bonne réputation en France, mais un nombre croissant de médecins s’y intéressent pour prévenir les problèmes de stérilité et les fausses couches. Certains praticiens américains préconisent d’ailleurs une administration transdermique « améliorée » : plutôt que d’appliquer la crème à la progestérone sur la peau, il s’agirait de l’appliquer directement sur la muqueuse utérine et vaginale pour favoriser une absorption rapide et de qualité. Les hormones seraient ainsi immédiatement absorbées dans le même plexus veineux pelvien que celui dans lequel les ovaires déversent la progestérone naturelle. Pour aller plus, lisez notre article « Quel médicament à base de progestérone pour la grossesse ? ».