Quel rapport entre œstrogène et dépression ?

Perturbations du cycle menstruel, variation volatile de la sécrétion ovarienne, dérèglement hormonal ménopausique… Chez la femme de plus de 40 ans, le corps subit des transformations comparables à celles de la puberté.

Chaque femme vit sa ménopause différemment, mais toutes affichent les mêmes symptômes et les mêmes risques à des intensités différentes. Du coup de blues hivernal à la dépression sévère, du sentiment d’inutilité aux pensées noires, de la perte du goût de vivre aux idées suicidaires, l’état dépressif se manifeste de différentes manières et concourt activement à la dégradation substantielle de la qualité de vie.

Plusieurs théories psychologiques ont été avancées pour expliquer la dépression. Ont notamment été évoqués : les troubles de la personnalité, l’agressivité orientée contre soi-même, le manque d’estime de soi, etc. Du côté de la biochimie, la dépression est étudiée sous l’angle du déséquilibre hormonal affectant le cerveau et impliquant la sérotonine, l’adrénaline et la noradrénaline.

Lorsque l’on s’attèle aux analyses statistiques de la dépression, on se rend vite compte que des pics significatifs sont observés chez les femmes de plus de quarante ans. Ces dernières vivent le plus souvent ce qu’on appelle la pré-ménopause, un phénomène physiologique qui « prépare le terrain » au bouleversement hormonal de la ménopause qui compte parmi ses signes cliniques les plus manifestes un état dépressif modéré.

Quel rapport entre œstrogène et dépression ? Les troubles de l’humeur sont-ils des effets secondaires de l’œstrogène ou une cause de la carence en estrogènes ?

Œstrogène et dépression : une forte relation de cause à effet

Au-delà des évènements externes qui peuvent survenir dans la vie d’une femme, la déficience en œstrogènes est trop souvent le premier déclencheur de l’état dépressif. La femme en ménopause ou en pré-ménopause peut être sujette à des réveils au milieu de la nuit avec des pensées négatives au sujet des enfants, de la vieillesse, de la maladie, de la féminité, etc. Les œstrogènes ont des effets particulièrement puissants sur le cerveau, sur l’humeur, la mémoire et la capacité d’apprentissage.

L’estrogène est également un rempart au vieillissement prématuré de la peau et à la survenue de certaines pathologies comme l’ostéoporose et les maladies cardiovasculaires. Si les estrogènes sont foncièrement bénéfiques lorsque leur taux est équilibré, ils deviennent dévastateurs en cas d’excès ou lorsqu’ils ne sont pas contrebalancées par la progestérone. C’est pour cette raison que certains endocrinologues « anges de la vie et de la mort ».

La déficience en œstrogènes influe sur une grande partie des neurotransmetteurs du cerveau, notamment ceux de l’adrénaline, de la sérotonine, de la dopamine et du GABA. C’est ce qui explique la dépression de la femme ménopausée !

Le stress : un facteur clé dans la dépression post-ménopause

Les hormones sont au pic de leur activité physiologique dans le corps entre 20 ans et 35 ans. C’est à cette période que la femme vit pleinement sur le plan énergétique mais aussi cognitif. Entre 35 ans et 45 ans, son cycle hormonal sera plus exposé aux facteurs extérieurs, à son mode de vie et à son état d’esprit. Le cycle a d’ailleurs déjà commencé à subir quelques pertes au niveau de la production hormonale.

Les femmes soumises à un stress permanent (familial, professionnel, social) s’exposent à un excédent de cortisol secrété par les glandes surrénales. Pour suivre, le corps de la femme puisera dans la progestérone pour fabriquer plus de cortisol et bloquera la production d’autres hormones stéroïdiennes, dont bien sûr les œstrogènes. Résultat : les glandes surrénales sont surmenées sur le long terme et la ménopause s’en trouve perturbée.

Œstrogène et dépression : la forme du corps de la femme en éclaireur

Des études cliniques ont démontré qu’il y a un lien entre la forme du corps de la femme et sa production en hormones ovariennes. En effet, une femme grande, mince avec une poitrine chétive est habituée à évoluer avec un taux d’estrogène bas. Elle sera donc plus sujette aux états dépressifs chroniques bien avant la ménopause.

Une femme de petite taille, voluptueuse avec une poitrine menue est à contrario habituée à vivre avec une production importante d’estrogènes. Elle accusera plus facilement le coup à l’occasion de la chute de la production des ovaires induite par la ménopause. Il y a donc plus de chances que cette dernière ait besoin d’un support en hormones via le Traitement Hormonal de Substitutif (THS).

La dépression agitée et la dominance en œstrogène

La dépression agitée fait référence à un état dépressif qui combine des éléments de la dépression ordinaire et des éléments d’excitation et d’agitation. Les psychologues rapportent souvent que les femmes sujettes à la dépression agitée expriment leur volonté de « sauter hors de leur corps ».

La nervosité, l’irritabilité et les sautes d’humeur sont les symptômes habituels de cet état dépressif. Les troubles du sommeil, la prise de poids, les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale et les sueurs nocturnes s’invitent également de plus en plus dans le quotidien de la femme avec notamment des insomnies quasi-systématiques. La dominance en œstrogène cause un état de « passivité agitée ». Dans ces cas, le médecin traitant pourra diminuer progressivement la dose des œstrogènes administrés par le biais du TSH et prescrire une crème aux progestatifs bio-identiques pour rééquilibrer les taux hormonaux et soulager les symptômes.