Quel sont les rôles de l’œstrogène ?

Ils aident à réguler la température du corps et luttent contre les pertes de mémoire. Ils contrôlent la production du cholestérol afin de prévenir l’obstruction des artères coronaires. Ils stimulent la maturation des ovaires et déclenchent le cycle menstruel. Ils contribuent à la lubrification du vagin en renforçant sa paroi. Ils stimulent le développement des seins à la puberté et les préparent à la production de lait. Ils aident l’utérus à nourrir le fœtus en développement. Ils maintiennent la densité des os et préviennent l’ostéoporose… et la liste est loin d’être exhaustive !

Bien que leur nom soit souvent cité à l’occasion des nombreux signes cliniques de la ménopause ou de la carence hormonale comme les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale, la baisse de la libido ou encore les troubles de l’humeur, les œstrogènes sont avant tout des hormones essentielles à la bonne marche de nombreuses fonctions vitales chez la femme. On dit qu’estrogène et progestérone font et défont la santé !

Quel est le rôle des oestrogènes au niveau génital ?

Les oestrogènes naturels sont composés de trois hormones principales : le 17 B-Oestradiol, l’estrone et l’oestriol. C’est le premier qui est utilisé dans le traitement hormonal de substitution (THS) et, depuis peu, dans la contraception en association avec un progestatif. Cette hormone circule dans le plasma sous une forme très liée à un transporteur (99%), la SHBG.

Les oestrogènes jouent un rôle décisif au niveau génital :

  • Sur la muqueuse vaginale : augmentation de la prolifération de la muqueuse et amélioration substantielle de la trophicité ;
  • Sur la muqueuse utérine : un puissant effet prolifératif ;
  • Sur le col utérin : ouverture de l’exocol, augmentation de la sécrétion de la glaire (cristallisation en feuille de fougère) caractéristique de la glaire cervicale pré-ovulatoire ;
  • Sur la glande mammaire : le 17 B-Oestradiol induit le développement des seins et la prolifération des canaux galactophoriques ainsi du tissu glandulaire dès la puberté ;
  • Sur l’ensemble du tractus génital : rôle trophique sur les petites lèvres, l’urètre, les glandes de Bartholin, les ovaires et le myomètre ;
  • Grandes sébacées : régulation (diminution) des sécrétions des glandes sébacées par opposition des effets induits par les androgènes.

Quel est le rôle des oestrogènes au niveau extra-génital ?

L’action des estrogènes ne se limite pas à la partie génitale :

  • Effets sur le métabolisme osseux : nous en parlons dans le paragraphe suivant ;
  • Effets sur le métabolisme lipidique : le 17 B-Oestradiol joue un rôle capital dans la transformation du profil lipidique en profil anti-athéromateux. Il baisse le cholestérol en augmentant le rapport HDL/LDL. Il agit également afin de baisser les concentrations plasmatiques des triglycérides et augmente la résistance des LDL à l’oxydation ;
  • Protection cardiovasculaire : cette fonction est actuellement controversée et fait l’objet d’un débat au sein de la communauté scientifique. En effet, le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) est plus faible chez la femme en comparaison avec l’homme avant la ménopause. Le risque augmente toutefois après l’arrêt de la fonction ovarienne et donc la chute du taux des estrogènes. Cette observation clinique fut un argument de taille dans les recommandations de l’hormonothérapie de substitution de la ménopause. Toutefois, les médecins s’accordent à dire aujourd’hui que les oestrogènes, naturels ou synthétiques, ne sont pas une réponse appropriée pour prévenir les accidents coronariens. Il semblerait même que si la thérapie à base d’œstrogènes début plus de 10 ans après le début de la ménopause, elle pourrait provoquer une augmentation du risque cardiovasculaire mais aussi veineux thrombo-embolique.

Quel est le rôle des œstrogènes pour les os ?

L’effet de l’estrogène sur les os a été décrit au milieu du 20e siècle. Pourtant, les mécanismes d’action de ces hormones sont encore mal connus sur le plan moléculaire.

En plus de leur action régulatrice du cycle sexuel féminin, les oestrogènes jouent un rôle dans la croissance et le remodelage osseux. Cette fonction a été « suspectée » de façon clinique suite à l’observation des symptômes de la ménopause. La chute de la production ovarienne des œstrogènes se traduit par une perte de masse osseuse qui conduit à une fragilisation des os, augmentant ainsi les risques de fracture. C’est ce qu’on appelle l’ostéoporose.

L’ovariectomie expérimentale chez la souris reproduit ce phénomène. Les traitements les plus efficaces de l’ostéoporose sont basés sur les stratégies dites de remplacement. Il s’agit notamment du Traitement Hormonal Substitutif (THS) à base de dérivés des oestrogènes bio-identiques associés à la progestérone. Ce traitement vise à restaurer l’équilibre hormonal, inversant ainsi la perte de masse osseuse.

L’œstrogène et les hommes

Les femmes ne sont pas les seules à souffrir des effets des changements hormonaux. Les hormones des hommes ont également leurs caprices et peuvent contribuer à une perturbation des attributs masculins. Contrairement à ce qui se passe chez la femme à partir de la quarantaine, les changements hormonaux qui opèrent chez l’homme sont très progressifs. Certains changements peuvent prendre une dizaine d’années pour se manifester, avec une augmentation de la cadence vers la cinquantaine. Les symptômes tournent autour de la perte de force, d’endurance et de masse musculaire.

Voici une liste non exhaustive des signes cliniques qui peuvent orienter le diagnostic vers un déséquilibre hormonal masculin avec la diminution du niveau de testostérone et l’augmentation anormale du niveau d’estrogène :

  • Fatigue inhabituelle qui tend vers l’asthénie ;
  • Irritabilité, nervosité, caractère colérique ou maussade ;
  • Prise de poids notamment autour de la taille ;
  • Sensation de gonflement ;
  • Baisse de la libido ;
  • Dépression, troubles du sommeil plus ou moins intenses (insomnie et réveils nocturnes notamment) ;
  • Amincissement progressif des cheveux, notamment si l’homme souffre d’alopécie androgénique ;
  • Altération de certaines fonctions physiologiques comme la mémoire et la concentration ;
  • Asthme et sinusite ;
  • « Ramollissement » des muscles ;
  • Perte du tonus musculaire, essoufflement facile ;
  • Agitation, nervosité.