Quels sont les effets de l’arrêt de la progestérone ?

La supplémentation en progestérone sera prescrite dans plusieurs cas : favoriser la grossesse, appuyer la doublure utérine, contraception (pilule contraceptive), traitement hormonal de substitution (THS) pour parer une carence en progestérone et/ou oestrogènes, neutraliser les effets des estrogènes dans le cas d’une dominance ostrogénique, etc.

Comme pour les effets de la progestérone sur un certain nombre de pathologies et de symptômes, la réaction du corps à l’arrêt du traitement à la progestérone n’est pas très bien documentée. En dehors du saignement utérin de sevrage semblable aux menstruations, les autres effets secondaires de l’arrêt de la progestérone varient fortement d’une femme à l’autre. Ce papier s’intéresse à l’arrêt de la progestérone : ses causes et ses effets.

L’arrêt de la progestérone et le saignement utérin

Prendre la progestérone pendant au moins 10 jours va mûrir la doublure de l’endomètre et provoquer un saignement de rétraction à l’arrêt du traitement. Les saignements des règles surviennent en général trois à cinq jours après l’arrêt de la progestérone en dehors de la grossesse. En effet, sans l’apport des progestatifs, la doublure utérine n’est plus nourrie et le tissu utérin construit passe dans le flux menstruel, mélangé au sang. Certaines femmes font le choix de la « suppression menstruelle » en utilisant la progestérone comme contraceptif pendant plusieurs mois.

Les effets sur l’humeur et les émotions

L’arrêt de la progestérone peut également se traduire par des troubles de l’humeur et du sommeil chez les femmes qui prennent de fortes de doses de progestatifs, mais aussi chez les femmes enceintes qui connaissent une forte sécrétion de la progestérone par le placenta.

En effet, la chute brutale du taux de progestérone dans le sang (au terme de la phase lutéale par exemple) peut causer des épisodes d’anxiété, des montées de stresse et une déprime légère à modérée. Une étude animale menée par des chercheurs de l’Université d’Etat de New York (Downstate Medical Center) publiée sur la revue « Neuropharmacology » en septembre 2002* a démontré que le retrait de la progestérone chez les rats augmentait l’anxiété et les épisodes de déprime. Aucune étude clinique n’a été menée pour vérifier cette hypothèse chez la femme.

Une autre étude menée en 2005 et parue sur « Experimental Neurology » fait état de l’augmentation des crises d’angoisse chez les rats qui ont subi un retrait brusque de la progestérone. Cette conclusion est à nuancer dans la mesure où les rats de laboratoire mobilisés souffraient tous avant l’étude d’une lésion cérébrale traumatique. En somme, l’effet du retrait de la progestérone sur l’humeur et les émotions est pour l’instant seulement suspecté.

L’arrêt de la progestérone et ses effets sur les intestins

La progestérone a un effet calmant et sédatif, très utile pour réduire les contractions de l’utérus et favoriser l’implantation de la grossesse. Cet effet sédatif agit également sur le transit intestinal en le ralentissant. Une supplémentation en progestatifs sur-dosée peut d’ailleurs induire une constipation plus ou moins récurrente.

L’arrêt de la progestérone entrainerait une augmentation de l’activité intestinale selon le docteur Allison Case. Sur le terrain, on estime que 30% des femmes signalent l’apparition de symptômes intestinaux comme la diarrhée, les selles molles et les douleurs abdominales lorsque le taux de la progestérone chute brutalement juste avant le début de la période menstruelle. Selon le docteur Case, 50% des femmes atteintes du syndrome du côlon irritable constatent une exacerbation des symptômes lorsque le taux de progestérone baisse à la fin du cycle menstruel ou après la ménopause avec l’arrêt de l’activité des ovaires.

L’arrêt de la progestérone et le traitement hormonal substitutif

Si vous suivez un traitement à base d’hormones de substitution pendant plus d’un mois, parlez de votre médecin des éventuels effets secondaires qui peuvent survenir après un traitement prolongé, mais aussi après le sevrage. Attention : l’arrêt de la supplémentation de la progestérone sans l’avis de votre médecin traitant peut provoquer des symptômes de sevrage et faire réapparaitre les signes cliniques qui prévalaient avant le traitement.

 

* Retrouvez le rapport complet de l’étude ici (en anglais) en suivant ce lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2887349/