Focus sur le taux de progestérone

Parce qu’elle joue un rôle crucial dans la fertilité de la femme et qu’elle représente un marqueur de choix pour de nombreux dysfonctionnements physiologiques, cette hormone stéroïdienne est souvent évaluée par des tests sanguins afin d’identifier d’éventuels problèmes de santé. Le manque de progestérone peut se traduire par une incapacité à tomber enceinte, et la carence peut être l’indicateur d’une pathologie grave comme le cancer des ovaires ou des glandes surrénales.

Les concentrations normales de la progestérone

Les taux de progestérone que nous allons présenter dans cette partie ne sont que des moyennes. Ils peuvent changer en fonction de nombreuses variables comme le moment du cycle menstruel, l’ovulation, le fait que le test sanguin soit réalisé à jeun ou non et même le laboratoire qui a procédé à la prise de sang.

  • Au début de la phase folliculaire, les ovaires produisent des oestrogènes par le biais des follicules. Pendant cette période, la concentration physiologique de la progestérone est généralement inférieure à 1 nanogramme par millilitre de sang ;
  • Avant d’ovuler, les niveaux de progestérone sont habituellement compris entre 3 et 10 nanogrammes par millilitre de sang ;
  • La phase lutéale suit l’ovulation et se distingue par la sécrétion soutenue de la progestérone par le corps jaune ou le corpus luteum. Au milieu de la seconde moitié du cycle menstruel, soit environ 7 à 10 jours par l’expulsion de l’ovocyte ovarien, les taux de progestérone sont habituellement supérieurs à 8 nanogrammes par millilitre de sang ;
  • Au milieu du cycle menstruel, les taux de progestérone oscillent entre 5 et 27 nanogrammes par millilitre de sang ;

 

Le taux de progestérone est plus élevé chez la femme enceinte. En effet, la progestérone joue un rôle prépondérant dans la fertilité de la femme ainsi que dans sa capacité à aller au terme de la grossesse. Par son effet calmant et sédatif, la progestérone va réguler les contractions de l’utérus pour permettre la nidation. De même, elle va concourir au développement des glandes mammaires pour les préparer à la lactation après l’accouchement. Dès le début du second trimestre de grossesse, c’est le placenta qui prend le relais de la sécrétion hormonale, ce qui coïncide généralement avec le soulagement de certains symptômes gênants. Voici les taux moyens de progestérone en fonction du trimestre de la grossesse :

  • Pendant le premier trimestre de la grossesse : 11,2 à 90 ng / mL ;
  • Pendant le second trimestre de la grossesse : 25,6 à 89,4 ng / mL ;
  • Pendant le troisième trimestre de la grossesse : 48,4 à 42,5 ng / mL.

 

Seul un test qui vérifie la présence de l’hormone de grossesse (gonadotrophine chorionique humaine ou hCG) peut confirmer la grossesse. Même si les niveaux de progestérone sont plus élevés lorsque vous êtes enceinte, cela ne constitue pas un signe suffisant pour trancher. En effet, l’excès de progestérone peut provenir de plusieurs facteurs comme une alimentation riche en phyto-progestérone, une défaillance hormonale, etc.

Ce qui peut expliquer des résultats anormaux

Des concentrations de progestérone supérieures à la normale peuvent être causées par :

  • La grossesse ;
  • Un cancer des ovaires ou des glandes surrénales ;
  • Une grossesse molaire ;
  • Une surproduction d’hormones par les glandes surrénales (ou les testicules chez l’homme).

 

Des concentrations de progestérone inférieures à la normale peuvent être causées par :

  • Des problèmes d’ovulation ;
  • Une dominance en oestrogènes.

 

Il faut également noter que le test peut être influé par plusieurs facteurs :

  • L’utilisation de médicaments qui contiennent des hormones comme les pilules contraceptives, ou la prise d’un traitement hormonal de substitution (THS) ;
  • La prise de médicaments comme l’ampicilline et le clomifène (ou citrate de clomifène) ;
  • L’heure du test : les niveaux de progestérone fluctuent pendant la journée ;
  • Avoir subi un test de la thyroïde ou une analyse osseuse qui a nécessité l’utilisation d’un traceur moins d’une semaine avant le test de la progestérone ;
  • La période de votre cycle menstruel et une éventuelle grossesse.

Comment maximiser la précision du test de progestérone ?

  • Votre médecin traitant peut vous demander de suspendre certains médicaments (y compris les pilules contraceptives) qui contiennent des estrogènes ou de la progestérone jusqu’à quatre semaines avant la date du test. Attention : cette décision ne doit pas se faire sans la consultation de votre médecin ;
  • Informez votre médecin de tout autre test réalisé dans les 7 dernières jours, à fortiori si ce dernier a nécessité le recours à un traceur. Aussi, informez votre médecin de tests récents comme l’examen de la thyroïde ou l’analyse osseuse. En effet, ces derniers utilisent des traceurs qui peuvent interférer avec les résultats du test de la progestérone ;
  • Communiquez à votre médecin la date du premier jour de vos règles. Si le saignement commence très légèrement ou par une simple tache, le premier jour sera alors la date du premier saignement important du cycle.

Pourquoi évaluer le taux de progestérone ?

  • Dans le cadre de la recherche de la cause de l’infertilité ;
  • Afin d’évaluer le succès d’un traitement contre la stérilité ou d’un progestatif prescrit pour corriger une carence en progestérone ou une dominance ostrogénique ;
  • Pour vérifier la survenue de l’ovulation ;
  • Pour évaluer le risque de fausse couche ;
  • Pour évaluer la fonction des ovaires et du placenta pendant la grossesse ;
  • Dans le cadre du diagnostic des dysfonctionnements des glandes surrénales et e certains types de cancers.