Les effets de la progestérone

Surtout évoquée pour son rôle décisif dans le cycle menstruel et dans la fertilité chez la femme, la progestérone est une hormone stéroïdienne qui affiche un large spectre d’effets à la fois pour la femme et pour l’homme. Des troubles de l’humeur aux dysfonctionnements du cycle du sommeil, de la fertilité aux fausses souches, du sevrage à certains médicaments à la prise de poids, de la masculinité à la gynécomastie… ces effets sont soit prouvés, fortement probables ou tout simplement suspectés.

Comment faire la part des choses ? A quoi sert la progestérone ? A travers cet article de synthèse, nous vous proposons de passer en revue les propriétés de la progestérone, son rôle dans le traitement de plusieurs symptômes et pathologies, ses effets secondaires et enfin ses contre-indications.

La progestérone et la prise de poids

La question de savoir si la prise de poids est un effet secondaire inévitable du traitement hormonal de substitution (THS) intéresse de nombreuses femmes. Faut-il faire un choix entre la forme physique et l’équilibre hormonal ? La supplémentation en progestérone fait-elle grossir ? La réponse est simple : lorsque la dose prescrite est basée sur un diagnostic précis, la prise de poids est, au pire, temporaire.

Le traitement pourra induire la prise de deux ou trois kilos en plus qui ne tarderont pas à disparaître. Si le surpoids pérennise, il faut à ce moment-là enquêter sur d’autres facteurs. En effet, un régime alimentaire trop riche en calories, une activité physique limitée voire inexistante, la sédentarité et la déprime sont les premières causes de la prise de poids chez la femme ménopausée, mais aussi chez certaines jeunes femmes. D’un autre côté, la supplémentation en progestérone pourra induire une prise de poids de manière indirecte en augmentant l’appétit.

Il faut savoir qu’à l’occasion d’un traitement hormonal substitutif, la progestérone va agir en contrebalançant les effets des oestrogènes. Si les doses sont respectées, votre poids devrait se stabiliser sans problème sur le moyen terme. Certaines femmes qui utilisent la pilule contraceptive à base d’acétate de cyprotérone (pilule Diane) rapportent toutefois une prise de poids légère. C’est également le cas pour celles qui ont un implant progestatif.

Enfin, la montée brusque de la progestérone pendant le cycle menstruel peut induire une prise de poids sous forme de rétention d’eau. Cette dernière va toutefois s’estomper après l’arrivée des règles. La prise de poids pendant la phase lutéale s’explique par l’activité du corps jaune qui secrète de grandes quantités de progestérone jusqu’aux menstruations.

Les effets de la progestérone sur les hommes

Si la progestérone est surtout connue pour son rôle dans la fertilité de la femme et le maintien de la grossesse, on a tendance à oublier qu’elle est aussi présente chez l’homme. Certes, son taux plasmatique dans le corps masculin n’est en rien comparable à celui de la femme dans la 2e partie du cycle menstruel, mais l’hormone stéroïdienne joue un rôle dans la masculinité : c’est un précurseur de la testostérone. La carence en progestérone n’est pas sans effet sur l’homme. Elle peut causer :

  • Baisse de la libido ;
  • Chute des cheveux ;
  • Prise de poids ;
  • Fatigue et asthénie ;
  • Troubles de l’humeur (dépression, irritabilité) ;
  • Gynécomastie ;
  • Dysfonctionnement érectiles d’intensité variable ;
  • Impotence et pertes osseuses ;
  • Pertes musculaires.

Chez l’homme, la progestérone est produite par la glande surrénale (comme chez la femme d’ailleurs) et par les testicules. Contrairement à ce qui se passe dans le cycle menstruel, la concentration de cette hormone stéroïdienne n’est pas cyclique.

Toutefois, certains facteurs externes peuvent affecter la production de progestérone comme l’alimentation, le stress et la fatigue chronique. La progestérone agit à plusieurs niveaux sur la santé de l’homme : elle régule la température corporelle, relaxe les muscles lisses des bronches dans le traitement de l’asthme et de l’apnée du sommeil, prévient l’insomnie ainsi que l’ostéoporose. Il semblerait également que l’hormone stéroïdienne ait un effet positif sur la sclérose en plaques. Pour aller plus loin, consultez notre article sur les effets de la progestérone sur l’homme.

La progestérone et les femmes

Les effets de la progestérone sur les femmes sont nombreux et ne peuvent pas se prêter à l’exhaustivité dans la mesure où certains sont méconnus, invérifiés ou encore simplement « probables ». La progestérone est aujourd’hui prescrite pour traiter l’aménorrhée. L’absence de règles dans le cycle menstruel répond en effet favorablement à la supplémentation en progestatifs. La progestérone joue également un rôle capital dans le THS qui vise à limiter et à soulager les symptômes les plus handicapants de la ménopause.

La progestérone agit en tempérant les effets des oestrogènes et réduit le risque de développer un cancer. De même, la progestérone en forme de gel est efficace contre certaines formes d’infertilité. Couplée à l’injection de progestérone dans le muscle, l’application du gel progestatif favoriserait la grossesse chez certaines femmes.

D’autres propriétés probables ont été suggérées par des études scientifiques. Il s’agit entre autres des effets de la progestérone contre l’hyperplasie de l’endomètre, le soulagement des douleurs mammaires (mastodynie), la réduction des risques d’accouchement prématuré ainsi que la prévention des pertes osseuses chez la femme ménopausée.

Enfin, certains effets sont encore incertains. On suspecte un effet positif de la progestérone sur les symptômes du sevrage à certains médicaments comme le diazépam (Valium), l’Alprazolam (Xanax), le Temazepam (Restoril) et d’autres. Aussi, la progestérone pourrait aider à lutter contre l’hypoglycémie, l’irritation vaginale, les symptômes du syndrome prémenstruel (SPM) et l’asthénie.

Les effets secondaires de la progestérone

En quantité adéquate et sans écart, la progestérone naturelle bio-identique va améliorer l’état de santé général des personnes qui souffrent d’une carence. En effet, le dosage, la fréquence et la durée d’administration des progestatifs sont des éléments cruciaux qui vont conditionner l’efficacité du traitement ainsi que l’intensité des effets secondaires de la progestérone.

Les retombées d’une progestérone en excès peuvent parfois imiter ceux de la dominance en estrogènes comme la rétention d’eau, la prise de poids l’anxiété, la sensibilité de la poitrine, les étourdissements et le vertige, les bouffées de chaleur, la fatigue, les maux de tête ou encore les troubles de l’humeur. En réalité, les récepteurs des estrogènes et de la progestérone sont assez proches sur le plan de la structure cellulaire. En excès, la progestérone peut en effet « réveiller » les récepteurs des oestrogènes, ce qui expliquerait des effets similaires à la dominance des estrogènes.

A ces effets secondaires s’ajoutent des contre-indications strictes. Les progestatifs ne doivent pas être utilisés dans les cas suivants :

  • Allergie connue à la progestérone ou au soya ;
  • Une grossesse confirmée ou soupçonnée quand le traitement n’a pas été prescrit pour cet effet ;
  • Des antécédents de caillots sanguins ou de maladie cardiaque ;
  • La présence d’une tumeur sensible aux hormones ovariennes ;
  • Une maladie active du foie ;
  • L’hyperplasie de l’endomètre.