La progestérone et la grossesse vont de pair… et c’est le moins que l’on puisse dire.
Pour mener à bien la grossesse puis l’accouchement, plusieurs hormones entrent en jeu, jouant chacune un rôle bien précis. Il s’agit entre autres de l’hormone chorionique gonadotrophique (HCG), des œstrogènes, de la progestérone, de l’hormone placentaire lactogénique (HLP), de l’ocytocine ou encore de la prolactine.
La progestérone reste l’hormone de la grossesse par excellence, et c’est la seule qui joue réellement un rôle sédatif sur le myomètre. La grossesse est régulièrement suivie par échographie, et l’hormonothérapie perd de son intérêt après la 14e semaine de grosse, sauf lorsque l’effet myorelaxant de la progestérone reste utile.
La progestérone est d’abord secrétée par l’ovaire via le corps jaune sous l’effet stimulateur des gonadotrophines chorioniques humaines au début de la grossesse avant que le placenta ne prenne le relais au début du second trimestre. Son rôle dans cette nouvelle étape de la vie d’une femme est proportionnel à sa quantité : son taux est en effet multiplié par 1 000 pendant la grossesse ! Elle va donc s’allier aux estrogènes pour préparer la muqueuse utérine à accueillir l’ovule fécondée.
D’ailleurs, le rôle de la progestérone dans la préparation de la muqueuse utérine à la gestation (puis à son maintien) lui a valu son nom : « pro » est un préfixe qui signifie « en faveur de » et « gest » fait référence à la gestation. Aussi, la progestérone favorise le développement et le maintien de la grossesse par son action inhibitrice des contractions utérines et son renforcement de la fermeture de l’orifice interne du col utérin. Elle joue également un rôle dans l’épaississement de la glaire cervicale.
La progestérone en début de grossesse
Le rôle de la progestérone dans la grossesse a toujours fait l’objet d’un certain engouement de la part des chercheurs.
Aujourd’hui, les nombreux apports de la progestérone sont décrits avec précision : relâchement de l’utérus, détente des autres tissus, facilitation de la gestation, augmentation des sécrétions du col de l’utérus, maintien de la vascularisation de la muqueuse de l’utérus et préparation des glandes mammaires à la lactation. En somme, la progestérone joue un rôle décisif dans la grossesse.
C’est pour cette raison que son taux doit être surveillé régulièrement par le médecin qui pourra prescrire une supplémentation à base de progestérone naturelle bio-identique si une carence venait à être signalée. Une étude menée par les chercheurs de l’université de l’Indiana a montré que les femmes ayant des antécédents de fausses couches avaient plus de chances de concevoir un bébé dans de bonnes conditions si elles reçoivent une supplémentation en progestérone (L’étude a été menée par les docteurs Mary Stephenson, Dana McQueen, Michelle Winter et Harvey Kliman et publiée en mars 2017 dans le volume 107 de la revue médicale spécialisée Fertility & Sterility auprès de femmes ayant des antécédents de fausses couches répétées).
La concentration de la progestérone dans le sang change en fonction de l’âge, du sexe, de la phase du cycle menstruel et de la période de la grossesse pendant laquelle le prélèvement est réalisé. Chez la femme enceinte, c’est essentiellement l’activité du placenta qui agit sur le taux sanguin de la progestérone. Cette hormone dérivée du cholestérol est d’ailleurs un excellent indicateur de la bonne activité placentaire. En début de grossesse, lorsqu’elle est secrétée par le corps jaune sous l’effet des gonadotrophines, le taux de progestérone vers la 5e semaine d’aménorrhée est d’environ 30 nanogrammes par millilitre de sang. L’absence des menstruations s’explique d’ailleurs par le maintien puis l’accélération de la sécrétion ovarienne de la progestérone.
En début de grossesse, la femme sera sujette à quelques désagréments causés par la progestérone à des intensités et à des fréquences différentes. Il s’agit de quelques troubles du sommeil (avec notamment une somnolence diurne), d’un manque d’énergie, d’une fatigue passagère, etc. C’est ce que l’on appelle les signes sympathiques de la grossesse. Les premières semaines de la grossesse s’accompagnent également d’envies fréquentes d’uriner, de brûlures d’estomac et de nausées. Le soulagement intervient à partir du 3e mois lorsque le placenta est suffisamment développé pour prendre le relais. Pour aller plus loin, consultez notre article « Quel taux de progestérone en début de grossesse ».
La progestérone au milieu et à la fin de la grossesse
Le taux normal de progestérone à compter de la 5e semaine d’aménorrhée est donc de 30 à 40 nanogrammes par millilitre de sang. Ce taux ira crescendo jusqu’à atteindre 200 nanogrammes par millilitre en fin de grossesse.
Lorsque des taux anormalement bas de progestérone sont décelés chez une femme qui souhaite concevoir un enfant, le médecin pourra prescrire une supplémentation en progestérone naturelle bio-identique dans la 2e partie du cycle menstruel afin de favoriser l’implantation de la grossesse.
L’intérêt du suivi de la progestéronémie dépasse le cadre de la grossesse et de son bon déroulement. En effet, un taux de progestérone anormalement élevé peut indiquer une pathologie grave comme une tumeur ovarienne ou surrénalienne. Une progestéronémie anormalement élevée peut aussi être le fait de certains déficits congénitaux. Voici à titre indicatif les concentrations sanguines normales de progestérone en dehors de toute grossesse :
- Pendant la phase folliculaire : moins de 1,5 nanogrammes par millilitre ;
- Pendant le pic ovulatoire : entre 0,7 et 4 nanogrammes par millilitre ;
- Pendant la phase lutéale : une concentration comprise entre 2 et 30 nanogrammes par millilitre de sang témoignera de la présence du corps jaune.
Pour plus de détails sur les concentrations normales de la progestérone et sur l’intérêt du suivi de son taux dans le corps de la femme pendant la grossesse mais aussi en période normale, lisez notre article « Quel taux de progestérone pendant la grossesse ? ».
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